La FCI dans le train de la modernisation

La Fédération Cynologique Internationale (FCI) est une organisation plus que centenaire ; elle a en effet vu le jour en 1911 et fête cette année ses 103 ans d’existence. Elle regroupe à ce jour 89 membres (pays). Concilier les points de vue, dégager des solutions rencontrant l’assentiment de tous (ou la majorité) n’est jamais chose aisée.

Chaque membre a ses propres structures, traditions ou réalités qu’elles soient économiques, sociales ou, en l’occurrence, cynologiques.

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Y. De Clercq
Directeur Exécutif de la FCI
Des mélanomes canins spontanés modélisés dans le cadre de l'étude des voies métaboliques des mélanomes humains non UV-induits
Marc Gillard 1,2, Edouard Cadieu 1,2, Clotilde De Brito 1,2, Jérôme Abadie 3, Béatrice Vergier 4, Anne-Sophie Guillory 1,2, Patrick Devauchelle 5, Frédérique Degorce 6, Laëtitia Lagoutte 1,2, Benoit Hédan 1,2, Marie-Dominique Galibert 1,2, Francis Gallibert 1,2 et Catherine André 1,2

1 CNRS, UMR 6290, Institut de Génétique et Développement de Rennes, Rennes, France.
2 Université Rennes 1, UEB, IFR140, Faculté de Médecine, Rennes, France.
3 Laboratoire d’Histopathologie Animale, Oniris, Ecole Nationale Vétérinaire, Nantes, France.
4 Service de Pathologie, CHU Bordeaux and Université Bordeaux Segalen, France.
5 Centre de Cancérologie Vétérinaire, ENVA, Maisons Alfort, France.
6 Laboratoire d’Anatomie Pathologique Vétérinaire du Sud-Ouest LAPVSO, Toulouse, France.

Synthèse

Les mélanomes spontanés sont fréquents chez les chiens. Ils touchent les mêmes zones que chez l’Homme, c-à-d la peau, les muqueuses, la matrice unguéale et les yeux. Ils affichent des comportements variables : les tumeurs touchant les voies orales sont plus fréquentes que celles touchant d'autres sièges anatomiques. Il est intéressant de noter que l'on observe en matière de mélanomes canins une forte prédisposition raciale, ainsi qu'une surreprésentation des chiens à pelage noir. L'analyse épidémiologique de 2 350 chiens atteints a montré que les Caniches sont particulièrement susceptibles de développer un mélanome oral, tandis que les Schnauzers ou les Bergers de Beauce sont plus exposés au mélanome cutané. Des analyses cliniques et histopathologiques ont été réalisées sur une cohorte de 153 cas, avec un suivi de 4 ans. La caractérisation histopathologique a montré que la plupart des tumeurs canines sont intradermiques et homologues à des types de mélanomes humains rares sur le plan morphologique – ‘type naevocytoide’ et ‘type animal’. Les données relatives au séquençage de l'ADNc tumoral obtenues auprès de 95 chiens pour six gènes pertinents en termes de classification du mélanome humain ont mis en évidence des mutations somatiques, dans le mélanome oral, des gènes NRAS et PTEN dans les zones à risque chez l'Homme, mais pas du gène BRAF. Dans l’ensemble, ces découvertes attestent de la pertinence du modèle canin en matière d'oncologie comparative des mélanomes, et en particulier dans le cadre de l'élucidation des voies métaboliques non UV-induites.

Commentaire

Cette étude comparative entre les mélanomes du chien et les mélanomes de l’Homme est le premier article original sur ce sujet et montre l'intérêt de l’oncologie comparative pour un bénéfice mutuel en Médecine Vétérinaire et Humaine. En effet, cette étude montre que certaines races de chiens sont prédisposées à développer certains types de mélanomes, alors que d’autres n’en développent que très rarement. Cette constatation pourrait amener les vétérinaires et propriétaires à être plus attentif à la possibilité d’apparition de mélanomes chez certaines races. Elle devrait en outre permettre aux chercheurs de mettre en évidence des altérations génétiques spécifiques à certaines races qui prédisposent au développement de mélanomes. Un programme de recherche sur la génétique des mélanomes chez le chien est en cours au CNRS de Rennes depuis plusieurs années. Pour ce faire, un groupe de travail réunissant vétérinaires, médecins, spécialistes en anatomopathologie vétérinaire et humaine, et généticiens a été constitué. Ce travail a été engagé au CNRS de Rennes, sous la direction du Dr Catherine André en collaboration avec le Dr Patrick Devauchelle (MICEN-Vet, Créteil, France), le Dr Jérôme Abadie (Ecole Vétérinaire de Nantes, Oniris, France) et grâce au réseau vétérinaire français de l’AFVAC (www.AFVAC.com) et de la BioBanque Cani-DNA ( http://dog-genetics.genouest.org) développée au CNRS de Rennes. A ce jour, ce travail a fait l’objet d’une thèse de sciences en 2011, plusieurs communications dans des congrès vétérinaires et de génétique humaine et, tout récemment, de la publication de l’article scientifique dont nous rapportons ici le résumé.
Au delà des analyses génétiques, ces travaux ont pour objectif de mieux soigner ces mélanomes, chez le chien comme chez l’Homme. Dans les deux espèces, il existe de nombreux types de mélanomes, les plus fréquents et les plus sévères chez le chien étant les mélanomes buccaux. Ces mélanomes buccaux constituent de bons modèles pour les études génétiques et thérapeutiques chez le chien et chez l’Homme pour qui les tumeurs mélaniques dans cette localisation sont rares et peu documentées sur le plan génétique. La plupart des mélanomes cutanés chez le chien sont intra-dermiques et apparaissent sur des animaux de couleur foncée. Cette étude chez le chien permet donc de mieux comprendre causes génétiques des mélanomes non liés à l’exposition au soleil et potentiellement de développer de nouvelles thérapies, qui apporteraient un bénéfice mutuel aux chiens et aux humains.

Ces recherches en cours depuis plus de 5 ans dans le laboratoire rennais ont été financées par le CNRS, la région Bretagne avec une bourse de thèse, La Ligue contre le Cancer avec un financement Post-Doctoral et par l’INCa (Institut National du Cancer) avec le financement de deux projets de recherche et par l’implication de nombreux vétérinaires, éleveurs et propriétaires de chiens.

Ce numéro de Pigment Cell and Melanoma Research, paru en Janvier 2014, met l'accent sur l'intérêt des analyses comparatives des mélanomes canins et humains, par la couverture de la revue, créé au laboratoire rennais (Cadieu et coll.), et par la publication d’un éditorial et une "perspective" sur le même thème.

L'article complet est disponible sur http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/pcmr.12170/abstract

Gillard et al. 2013-PCMR Cover
© Crédits photos (partie supérieure, de gauche à droite) : Dr T. Jouary (1, 3) ; Dr P. Devauchelle (2) ; Dr M. Delverdier (4, 10) ; Pr A. Dupuy (5, 7, 9) ; Pr F. Fogel (6) ; Dr A. Muller (8) ; I. Raymond (11).
Le côté obscur du mélanome humain. L’Homme de Vitruve, dessiné par Léonard de Vinci, et le chien : ces illustrations soulignent l’immense capacité du modèle canin à faire la lumière sur les mélanomes humains non UV-induits. Les images suivantes illustrent les correspondances frappantes qui existent entre les sièges anatomiques de l’être humain et du chien : muqueuses/voies orales ; peau ; extrémités (plante des pieds/coussinets) ; matrice unguéale ; extrémités (doigts) ; yeux. Composition graphique par Cadieu et al.

Pour participer à ce travail de recherche par l’envoi de prélèvements et/ou d’informations :

Contacter : Edouard Cadieu, Clotilde de Brito
Tel +33 2 23 23 45 09 Fax : +33 2 23 23 44 78

Site internet "Génétique du chien" : http://dog-genetics.genouest.org